dimanche 27 février 2011

Zyx

Le plaisir des mots
Dictionnaire poétique illustré, 1983
Georges Jean
Dommage que le mot « zyx » n’existe pas, car de toutes les lettres de l’alphabet, le « z » l’« y » et le « x » sont mes préférées.

Le « z » me rappelle mon enfance : « zèbre », « zébu », « zibeline », « zoo », les premiers mots « savants » que j’ai appris et avec lesquels, déjà, je m’amusais à faire des phrases que je montrais ensuite fièrement à ma mère, qui me corrigeait, au besoin.

« J’ai vu un zèbre au zoo. »
« Le zébu est bossu. »
« Les zibelines sont blanches en hiver. »

J’étais à la fois fasciné et troublé par l’« y », cette étrangère, cette doublure, ce faux « i ». Pourquoi un « i » français et un « i » grec? Et si l’on devait mettre un point sur l’« i », pourquoi n’y en avait-il pas deux sur l’« y »? Pourquoi ne pas écrire « ÿeti », « ÿoupi », « ÿoga », « ÿen », « ÿo-ÿo » avec des doubles points?

Quant au « x », quelle merveille! Une lettre qui pouvait servir à former des mots aux sonorités bizarres comme « xylophone », « xénophobe », « xérès », mais aussi à faire des opérations mathématiques.

« Z », « Y », « X », dommage que le mot « zyx » n’existe pas, car, quand quelqu’un me demande du tac au tac « Comment ça va? », et qu’il passe son chemin sans même attendre ma réponse, je ne sais pas ce qui me retient de lui crier par la tête, les mains en porte-voix : « Ça va très bien! C’est la pleine forme. Ça "zyx" » , je dirais.

Au nom de mon enfance retrouvée, au nom de la poésie et en mon nom personnel, je revendique le néologisme « zyx ».


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