dimanche 6 février 2011

Station Laura Cadieux

Station Laura Cadieux, Montréal, Québec
(photo : André Lebeau, 17 août 2010)
Vendredi dernier, à la station de métro Beaudry — que l’on devrait rebaptiser la station « Laura Cadieux » en l’honneur de Michel Tremblay —, je me suis laissé porter par le tapis roulant. J’ai toujours aimé cette station de métro et, chaque fois que je l’emprunte, j’ai une pensée toute spéciale pour Laura Cadieux, prise de vertige devant cet interminable et monstrueux trottoir mécanique. On connaît la suite : Laura dégringole l’escalier sous le rire amusé de son jeune fils qui l’attendait en bas.

Je me disais aussi, sur un ton moins badin, me laissant porter toujours, que c’était peut-être cela le fameux tunnel de la mort dont on parle tant, que la mort, au fond, c’était peut-être tout simplement cela: se laisser porter.

La vie est toujours plus belle au ralenti, c’est un fait. Le procédé a été amplement exploité au cinéma. En ce vendredi d’hiver plutôt triste et gris, tout me paraissait alors plus beau. Il flottait dans l’air comme un bonheur palpable qu’il me suffisait de cueillir. Dehors, les gens souriaient, les arbres eux-mêmes semblaient conviés à une étrange fête, même la rue Sainte-Catherine prenait des airs de grand bal.

Je marchais d’un pas lent, soulevé par un souffle divin, la vie et la ville m’apparaissaient sous un angle nouveau, pourtant rien n’avait changé. Je respirais mieux, tout simplement; en fait, je prenais conscience que je respirais. Je me disais que la vie était belle, que la ville était belle, avec l’étrange impression que je marchais dans ma tête plutôt que sur le trottoir. : JE NE POUVAIS PLUS M’ARRÊTER DE MARCHER! J’étais en quelque sorte « hors de moi » et je ne pensais plus. J’étais dans un de ces moments d’extralucidité malheureusement si rares et qui, chez moi, s’accompagnent toujours d’un fou rire irrésistible. J’aurais pu, si j’avais voulu, ne plus jamais « rentrer » en moi-même, mais je riais trop.

Et il neigeait sur tout cela, sur la ville, sur les gens, sur les arbres, sur la vie, comme si le ciel lui-même souriait.


2 commentaires:

  1. Continue de rire, rire de la vie qui nous berce pour nous mener on ne sait où... Ce qu'il y a de merveilleux avec la neige se trouve dans le tapis blanc qu'elle dépose et qui efface le tableau de nos vies. Il ne tient qu'à nous d'y laisser les traces que l'on désire et saisir cette chance que cette surface vierge nous offre. Le bonheur que tu as ressenti réside dans ce renouveau...

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  2. C'est vrai que ces moments d'extra lucidité sont rares mais tellement euphorisants. Pourquoi ne pas les provoquer, consciemment, plus souvent? Pourquoi la sensation "la vie est belle" ne serait pas un mode de vie, une façon d'être? Puisque, à mon avis, tout n'est que perception comme dans le film "La vita è bella" de Roberto Benigni. Nous pouvons provoquer cette état d'esprit et rire à gorge déployée en marchant sur la rue Sainte-Catherine

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