mardi 8 février 2011

Ceux qui mangent du homard en écoutant Maria Callas

« On donne des fêtes surtout pour ceux que l’on n’invite pas. » 
                                                            Étienne de Beaumont (1883-1956)

Le comte Étienne de Beaumont, 1919
par le baron Adolf de Meyer (1868-1946)
Quand, au plus creux de l’hiver, au plus noir et au plus froid, je me mets à rêver de l’été, je m’imagine, festoyant en compagnie d’amis que le champagne met en liesse, me régalant de homard, à l’ombre d’une pergola où court une glycine géante déployant sa longue chevelure bleue qu’une légère brise agite, bercé par les trilles joyeux d’un merle solitaire que la voix de Maria Callas, en sourdine, encourage à se surpasser, le petit doigt très en l’air, heureux. Alors, du coup, je perds tout aplomb.

Oui, je l’avoue, je suis de ceux-là, de ceux qui mangent du homard en écoutant Maria Callas, le petit doigt très en l’air et la langue bien pendue.

J’ai l’imaginaire facile, été comme hiver.


3 commentaires:

  1. Texte magnifique, bien coloré! Je me fais analyste tout à coup... On imagine fortement la scène. Bien sûr, on est heureux, avec un soupçon de remords, à partir du moment où on est certain que les homards sont bien morts, hélas, le chant de la Callas pourrait nous faire douter de ce bonheur éphémère...
    Suzanne

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  2. Suzanne, ton commentaire m'honore! Effectivement, comment manger du homard en toute impunité, comment un mets si bon peut-il nous écorcher l'âme à ce point? Comment ne pas penser à Luc?

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  3. En effet, Luc est souvent "backstage" dans ces moments-là.
    Suzanne

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