jeudi 22 septembre 2011

Les matins tyrannosaures

Vous vous levez un matin, on ne peut pas dire que ce soit la grande forme. Le premier mot qui vous vient à l’esprit est le mot « flasque ». Une image de poudre pour gelée Jell-O occupe tout l’espace de votre cerveau : du Jell-O à la framboise ou aux cerises, vous hésitez sur la saveur, la couleur.

Vous décidez de boire votre café au jardin. Malgré le soleil qui pointe, tout vous semble triste, morne, gris. Jusqu’au nain de jardin en résine qui arbore tout à coup un air patibulaire.

Vous avalez coup sur coup le café amer, tiède.

Vous constatez une fois de plus que les limaces ont ravagé la moitié de vos plates-bandes, festoyant toute la nuit, à vos frais, dans vos hostas de collection dont pas une seule feuille n’a été épargnée. Vous souririez, de dépit certes, si vous en étiez capable, mais c’est comme si tous les muscles de votre visage n’obéissaient plus à votre volonté.

Vous êtes sur le point d’abdiquer, de tout, de votre vie en général, comme de votre jardin, de la maison, des amis, du travail. Vous êtes même décidé à envoyer votre demande d’apostasie à l’archevêché, depuis le temps que vous en rêviez.

Vous êtes à peine surpris lorsque vous apercevez, à quelques mètres à peine de vous, un Tyrannosaure Rex piétinant sans vergogne vos bégonias tubéreux, exceptionnellement florifères cette année. Cependant, vous n’avez pas la force d’émettre le moindre son pour essayer de le chasser, comme vous le faites si souvent pour éloigner les écureuils, les chats, plus rarement les mouffettes. Dans votre état, vous le trouvez presque attendrissant.


Vous rentrez, sans même vous donner la peine de refermer la porte derrière vous. En après-midi, peut-être, au plus tard demain, vous vous rendrez au supermarché. Devant l’étalage des desserts en poudre pour gelée Jell-O, vous hésiterez longtemps.

2 commentaires:

  1. J'adore te retrouver. Tes textes me manquaient
    Célyne

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour Célyne!
    Moi aussi, content de te retrouver!
    Ce texte est le premier que j'écris à ma nouvelle adresse.
    Mais tu apprécieras sans doute beaucoup plus celui que je viens tout juste d'écrire et de publier: « Quand la nuit se referme enfin sur moi.Je l'ai dit à André: « Tu vas voir, Célyne va aimer.»
    Merci encore pour les encouragements.

    RépondreSupprimer