samedi 11 juin 2011

Les ciseaux de Matisse

L'Origine du monde, 1866
Gustave Courbet (1819-1877)
Ce coup de génie de Matisse : découper la couleur, ce coup de maître! À croire, à tort, que les peintres sont fous, alors qu’ils sont tout simplement heureux.

Troquer ses pinceaux contre des ciseaux, découper le bonheur à grands coups de ciseaux, cet enfantillage de vieillard fou, jamais la peinture n’allait s’en remettre. Et tant mieux pour la joie, celle de l’enfance retrouvée, celle du bonheur insouciant, du jeu.

Moi, avec les ciseaux de Matisse, des ciseaux de géant, je découperais de petits pans de ciel bleu pour m’en faire une écharpe que je ne porterais que les jours de pluie; je percerais de toutes petites brèches dans la voûte céleste pour voir le sourire de la Vierge Marie; je sculpterais des nuages en forme de sucettes; je ferais du ciel un immense vitrail derrière lequel, peut-être, je pourrais apercevoir le visage d’un Dieu débonnaire et reconnaissant, tout auréolé d’anges de musique dans des robes écarlates.

Dieu n’aurait-il été, à la fin, qu’un peintre fou? Créer, c’est arrêter le monde pour mieux le contempler, c'est arrêter le temps, pour mieux le découper.


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