mardi 13 août 2013

Je promène une pinte de lait


La laitière, 1658
Johannes Vermeer (1632-1675)
Rue Saint-Hubert, le matin, je reviens du dépanneur. Je croise G*** qui promène son chien. Nous échangeons quelques mots. La chienne, Margot, me fait ses minauderies habituelles. Le quotidien dans son extraordinaire ordinaire; l’été dans sa plus pure expression.
Les cigales stridulent à qui mieux mieux; la journée sera chaude, longue. L’été, par définition, est toujours trop court, toujours. « L’été ne peut qu’avoir été » écrit Annie Ernaux. À la télé, déjà, les réclames assommantes de la rentrée! Je m’ennuie d’avance des lilas de l’an prochain. C’est terrible d’écrire une phrase pareille. L’été est toujours une imposture.
 
Accroupi sur le trottoir, je caresse la chienne qui me lèche amoureusement la main. Moi, je l’aurais appelée Marilyn : trop belle, trop photogénique, trop blonde, trop douce, trop amoureuse. Margot, Marilyn : même blondeur, même douceur, même soleil aveuglant. Chaque fois qu’elle me regarde, je pense à la chèvre de monsieur Seguin.
 
 
Rue Saint-Hubert, le matin, G*** promène son chien. Moi, je promène une pinte de lait.
 
Je n’aurai pas écrit une seule ligne de l’été. Je fredonne « L’été n’aura qu’un jour » de Diane Dufresne.
 
La chienne me regarde m’éloigner, avec ses yeux tristes de Marilyn trop belle. Ce pourrait être le début de quelque chose.
 
Les cigales sonnent la fin de la Grande Récréation.

 
 
 

 

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