À partir du mois de septembre l’année
dernière,
je n’ai plus rien fait d’autre qu’attendre un homme :
qu’il me téléphone et qu’il vienne chez moi.
Annie Ernaux
je n’ai plus rien fait d’autre qu’attendre un homme :
qu’il me téléphone et qu’il vienne chez moi.
Annie Ernaux
Passion simple, 1991
Annie Ernaux |
L’air
est lourd, l’humidité accablante, le temps est à la pluie. Une brise légère
agite le rideau de mousseline : on dirait qu’un nuage est entré dans ma
chambre pour se faire caresser. J’attends l’orage, j’attends l’amour,
languissamment.
La
pluie tambourine à ma fenêtre : une vestale en robe blanche qui joue de la
harpe; la main de Jupiter caressant la joue glabre de Ganymède. La même
musique, le même bruissement d’ailes.
Tout ruisselant et alangui
par la chaleur, les bras en croix, j’attends, le regard atone, la tête dans un
ailleurs d’images abracadabrantesques, effaçant au fur et à mesure, un à un,
les points de suspension qui brouillent ma rêverie…
J’ai
disposé çà et là des fraises sur l’oreiller. Tu les mangeras à ton retour.
J’écris
juillet à rebours, sa lumière crue, ses orages, ses soubresauts, ses humeurs
capricieuses, ses ors et ses encres, ses orgues et ses délices, et son champagne rose « qui mousse de rayons[1] ».
Les orages d’été sont faits
pour faire l’amour.
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