dimanche 20 janvier 2013

Ce feu-là qui me brûle les yeux


Les choses inutiles, 1998
Sylvain Lelièvre (1943-2002)
C’est triste et beau, comme un poème de Baudelaire.
Je parle à mes poissons rouges de tout et de rien, de l’inutile beauté, de la pluie et du beau temps, je leur dis de ne pas trop s’en faire. Je leur parle aussi d’Apollinaire, de sa blessure de guerre…
Je parle à mes poissons rouges de la tristesse des jours, je parle de poésie, je parle, je parle surtout de solitude, de chansons belles à pleurer, je parle de Brel et de Barbara…
Je parle à mes poissons rouges de la grande forêt amazonienne, des animaux à plumes qui ressemblent à des couchers de soleil, des singes verts pas plus gros que le pouce, je parle de l’océan, de ses humeurs noires, de ses amertumes…
Je parle encore et encore de la pluie, et du soleil aussi, je parle de Rimbaud, de la couleur des voyelles, je parle de corbeaux qui parlent, je parle de Poe.
Je parle de poésie, du rouge incandescent de mes poissons rouges, de ce feu-là qui me brûle les yeux.
Je parle à mes poissons rouges de Baudelaire, de Prévert et d’Apollinaire, je parle à mes poissons rouges des rouges roses de la vie.
La robe d’eau rouge de mes poissons, la poésie, je parle de ce feu-là.

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