mardi 12 avril 2011

Le printemps est une gouache découpée de Matisse



La gerbe, 1953
Henri Matisse (1869-1954)
Au printemps, chaque année, j’ai l’impression de sortir du « Carré noir sur fond noir » de Malevitch pour sauter à pieds joints dans une gouache découpée de Matisse. Un beau matin, les oiseaux et les fleurs, comme échappés du soleil, crient de toute part, comme s’il y avait le feu.

Ces matins-là, j’ai le sourire très saint François d’Assise : les bras en croix sur mon balcon, j’offre mon corps au soleil, dans une attitude solennelle, ascensionnelle, christique. J’ouvre la cage de mon cœur, libérant du coup tous les oiseaux et toutes les fleurs que l’hiver avait contraints à la réclusion et au silence. J’assiste triomphalement au suicide de l’hiver dans une apothéose proche de l’extase mystique.

Les fleurs, tout comme les oiseaux, signent l’arrêt de mort de l’hiver : ce sont les trompettes de Jéricho qui mitraillent le ciel de leur insolente beauté, de leur folle arrogance ; à force de représailles, ils viennent enfin à bout de l’hiver.

Ces éruptions cutanées qui couvrent la terre au printemps, cette cacophonie gouailleuse, à nous faire croire réellement à la résurrection !


2 commentaires:

  1. j'ai la même pensé lorsque je sors ma moto au printemps....

    Les fleurs, tout comme les oiseaux, signent l’arrêt de mort de l’hiver : ce sont les trompettes de Jéricho qui mitraillent le ciel de leur insolente beauté, de leur folle arrogance ; à force de représailles, ils viennent enfin à bout de l’hiver.

    Ces éruptions cutanées qui couvrent la terre au printemps, cette cacophonie gouailleuse, à nous faire croire réellement à la résurrection !

    wow!!! De toute beauté

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  2. Jean-Paul,
    Écrire de la poésie ou faire de la moto, c'est pareil au fond: ça nous « transporte », ça nous amène plus loin qu'on pense. Merci de me le rappeler. J'imagine très bien Rimbaud sur une moto.

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