dimanche 4 décembre 2011

Cela même qui ressemble à un sourire mais qui n'en est pas vraiment un

La Nuit des princes charmants, 1995
Michel Tremblay
Ce peut être la couleur des yeux, le timbre de la voix, la démarche, cela même qui ressemble à un sourire mais qui n’en est pas vraiment un. Dans tous les cas, impossible de lui résister; déjà, pour vous, il est trop tard : vous avez souri, vous êtes désormais sous son emprise, complètement désarmé. Vous n’arrivez plus à faire la part des choses.

Vous entrez alors dans d’étranges spéculations pour essayer de comprendre ce sourire-là qui n’en est pas vraiment un. Vous balancez : 50% de peur, 50% de témérité? 75% d’inconscience, 25% d’extra lucidité? Vous concluez : 90% de mystère, 10% de timidité.

Vous essayez de vous persuader, comme les poètes, que c’est dans leurs yeux, toujours, que les humains sont à leur mieux, et que le sourire, avant que d’aller mourir sur les lèvres, passe d’abord par les yeux. Vous êtes sur une piste.

Ce magnétisme, justement, que vous n’arrivez pas à expliquer, cela même qui tout à l’heure ressemblait tant à un sourire mais qui n’en était pas vraiment un et auquel, à votre tour, presque à votre insu, vous avez répondu, aujourd’hui, il semblerait que vous l’ayez enfin compris : charmer, c’est toujours plus ou moins forcer l’autre à sourire.

Si vous étiez poète, vous diriez que le charme est un parfum que les yeux seuls savent reconnaître; si vous étiez Michel Tremblay, vous écririez La Nuit des princes charmants.


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