mercredi 30 mars 2011

La forêt conditionnelle


La Sagrada Família, Barcelone, Espagne
(photo: André Lebeau)
Si j’étais une forêt, je me baignerais dans les fougères chaque matin au réveil, je me confesserais aux morilles, je m’éclairerais aux iris versicolores, j’aiderais les tamias à faire leur ménage, je bâtirais mon nid au faîte d’un érable centenaire, je partirais à la recherche du fantôme du Petit Chaperon rouge, je cueillerais du thé des bois avec des gants de fines dentelles blanches, j’irais fleurir tous les jours la tombe de la mère de Bambi, j’écouterais pousser la barbe du vent en fredonnant Brel, tout seul, au beau milieu de ce temple de lumière où souriraient, assis sur des rochers moussus, mille bouddhas d’amour, de compassion, de plénitude extatique, et je n’écrirais plus que de longues et sinueuses phrases vertes, fluorescentes, où l’ombre et la lumière se métamorphoseraient en étranges ondulations du calme, dans cette cathédrale à ciel ouvert qui ressemblerait à une forêt idéale, ma forêt conditionnelle.


2 commentaires:

  1. Il me semble que je viens de lire la description de la vie idéale. Celle que tout le monde désire en secret. Oui, puisque personne n'ose affirmer croire au conte de fées. Nous savons tous qu'en notre for intérieur, la nuit, quand les rêves viennent nous visiter, c'est dans cette forêt conditionnelle que nous nous retrouvons pour le goûter... Merci pour le paysage que tu viens d'implanter dans mon esprit.

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  2. En effet la vie idéale, une belle majuscule au début, parsemée de virgules et se terminant par un point tranchant. C'est une belle phrase que vous avez écrite.

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