dimanche 27 avril 2014

Les mains des oiseaux





L'oiseau de ciel, 1966
René Magritte (1898-1967)
Au départ, on vise la beauté. Rien d’autre. Ne reste plus alors qu’à trouver la forme. La plus parfaite qui soit.



La poésie, c’est donner un sens à ce qui n’en a pas; c’est donner une voix à ceux qui en sont dépourvus; c’est « donner à voir », disait Éluard; c’est « la grande vie », dirait Bobin.

La poésie, c’est laisser vivre en paix les animaux : c’est se soucier du sort des derniers éléphants d’Afrique et d’Asie.

La poésie, c’est ne rien faire : c’est regarder pousser une fleur toute la journée en lui parlant de la rose du Petit Prince.

La poésie, c’est cette petite fille de 6 ans qui remonte son collant rose comme seules savent le faire les fillettes de 6 ans – avec beaucoup de grâce, d’insouciance et de légèreté; la poésie, c’est le petit Noah et son armée imaginaire d’escargots géants pourchassant un baleinier; c’est cette vieille femme qui étend son linge avec tellement d’application, de quiétude et de confiance en la vie; cette autre qui jette du pain rassis aux moineaux, l’hiver. Cela, que je photographie, pour en faire des poèmes.

La poésie, c’est construire un château de cartes tout en ayant l’assurance de pouvoir l’habiter un jour; c’est Maurice et Raymond, la casquette de travers, qui s’embrassent en cachette dans leur auto-patrouille.

La poésie est la suite normale du monde; sans elle, inutile de poursuivre, de tenter quoi que ce soit. Les oiseaux, qui chantent pour chanter, qui chantent pour rien, sont là pour nous le rappeler. L’avenir de l’humanité est entre leurs mains.

« La vie ne tient souvent qu’à un fil », me confiait, l’autre jour, un oiseau de passage. Ce fil ténu, la poésie.






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