Danseuse créole, 1950 Henri Matisse (1869-1954) |
Mèssi Bonyou, c’est ainsi qu’on avait surnommé la propriétaire du dépanneur du coin, madame Savard ou madame Boivin, je ne m’en souviens plus, parce que la pauvre femme, affublée d’un léger problème d’élocution, était incapable de prononcer les « r » et remplaçait les « j » par des « y ». C’était une femme aimable et polie, toujours souriante, nous remerciant gentiment à chacune de nos visites par un énergique et retentissant « Mèssi, bonyou ». Les enfants, quant à eux, l’appelaient plus affectueusement Madame Youyou.
On allait chez Madame Youyou dans le seul but de la faire parler. On lui demandait intentionnellement des jujubes, simplement pour l’entendre nous répondre : « Désolée les yeunes, on vend pas ça ici des yuyubes. »
De temps en temps, le mari prenait la place de sa femme derrière le comptoir. Il s’appelait « Yean-Yacques », mais les jeunes, à qui il refusait de vendre des cigarettes, l’appelaient « Yean-Yiable ».
Madame Youyou, après toutes ces années, je n’ai jamais oublié votre petit accent créole. C’est à mon tour de vous dire « mèssi, mèssi beaucoup ».
« Madame Youyou », cela ferait aussi un joli titre de roman.
Moé si j'gagne à lotto, j'm' "ajète" pour un million de jujubes à une "cenne" pis m'en va me louer le "firme" La firme.
RépondreSupprimerMèssi Bonyou,
Ton ti-frére, Joe
Mario, tu es « yénial »!
RépondreSupprimerJe rêve tous les jours de manger des
« yuyubes » en écoutant ce « firme » avec toi.
Donc, il faut écrire l'histoire de « Madame Youyou ». J'ai bien hâte de la connaître. Elle ne doit pas rester dans le secret de sa prononciation. Qui est-elle en arrière de ses y et de ses j? Quelle vie aurait-elle eue dans un autre contexte? Nous sommes aujourd'hui le résultat de circonstances hasardeuses qui malheureusement nous condamne ou nous bénit. Seule la réécriture nous permet de changer ce qui aurait dû se passer différemment. Alors, que feras-tu pour « Madame Youyou »?
RépondreSupprimer