« On n’est pas près de voir un chimpanzé raconter sa vie
ou écrire À la recherche du temps perdu. »
ou écrire À la recherche du temps perdu. »
Trinh Xuan Thuan et Mathieu Ricard
« L’infini dans la paume de la main »
Mains se dessinant, 1948 Maurits Cornelis Escher (1898-1972) |
Ce n’est pas par la faculté de la parole, encore moins par l’intelligence, mais bien plutôt par le rire et l’écriture que l’homme se distingue vraiment de la bête, car, de tous les animaux, l’homme est le seul capable de rire de lui-même et le seul également à pouvoir tenir un crayon dans ses mains.
On voudrait nous faire croire que la fabrication d’outils a contribué pour beaucoup à l’essor du genre humanoïde; c’est vrai, dans un certain sens, mais c’est oublier que les premiers hommes n’avaient pas grand-chose à faire, surtout le dimanche, quand Dieu n’avait pas encore été inventé. Il fallait passer le temps, s’occuper, alors quoi de mieux que de frapper deux pierres ensemble, pour faire du bruit, tout simplement, ce qui déclenchait chaque fois l’hilarité générale dans la communauté. À cette époque, la roue n’était qu’un simple divertissement : on se réunissait en famille, le dimanche après-midi, tout en haut d’une colline, pour regarder des troncs d’arbre dévaler la pente à toute allure. Plus tard, on organisa même des compétitions.
De tous les animaux qui peuplent la planète, l’homme est également le seul à pouvoir s’ennuyer et c’est la raison pour laquelle il cherche continuellement à se distraire, c’est-à-dire à oublier sa nature profonde.
Las de toujours devoir tout inventer, tout créer, notre lointain ancêtre finit par déléguer son pouvoir créateur à quelqu’un d’autre (en fait, il cherchait un bouc émissaire) : Dieu venait de naître. L’homme pourrait désormais consacrer tous ses loisirs à l’oisiveté : l’écriture était née. Évolution majeure, capitale, grande révolution, car c’était la première fois dans l’Histoire de l’humanité qu’un homme utilisait sa main pour fabriquer un objet invisible.
Toutes les grandes inventions humaines ont vu le jour un dimanche : le feu, la roue, le rire, l’écriture, Dieu. Il est faux de prétendre que « la nécessité est mère de l’invention ». C’est l’ennui qui a engendré les Grandes Civilisations.
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