Dump Truck, 2006 Wim Delvoye |
J’ai toujours porté une attention particulière au titre d’un livre. C’est la clé que l’auteur nous tend gracieusement pour accéder à son imaginaire et, en plus, c’est gratuit : il faut lui en savoir gré. L’intérêt que suscitent chez moi certains titres est tel que j’ai parfois l’impression d’acheter un titre plutôt qu’un livre.
Je rêve de publier un jour un livre qui ne contiendrait qu’une table des matières, un ouvrage constitué uniquement de titres, réels ou fictifs, une anthologie en quelque sorte. Je l’intitulerais, simplement, « La Table des matières. »
Chaque fois que je découvre le coup de génie qu’un auteur a eu pour le titre de son œuvre, je me dis : « Tiens, encore un autre livre que je n’écrirai jamais! » Ce fut le cas, notamment, pour « Les Fleurs du Mal » de Baudelaire, « L’écume des jours » de Boris Vian, « Forêt vierge folle » de Roland Giguère.
Si j’ai un certain talent pour l’écriture, j’ai un talent certain pour les titres. Ceux que j’ai choisis pour les quatre livres que j’ai publiés à ce jour, au moins, ceux-là, personne ne pourra me les dérober, personne ne pourra écrire ces livres à ma place!
« Sinon pour forêt le silence » est celui dont je suis le plus fier. Des jours entiers et des nuits blanches à retourner inlassablement dans ma tête des mots et des phrases avant d’en arriver là, à cet éblouissement total de mon être, qui me laisse encore pantois, même treize ans après sa publication! « Un goût de vanille et d’infini » n’est pas mal non plus. J’aime bien aussi « Les Animaux tristes » et « Les étranges ondulations du calme », mon tout dernier.
Je n’aurais écrit que cela, trois ou quatre beaux titres, que je ne serais pas plus content de moi. Dans la vie, c’est ce que je fais de mieux : je tricote des titres, maille après maille. Je fais dans la dentelle, comme d’autres font dans la machinerie lourde.
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