De quoi se nourrit-on dans l’au-delà ? Chaque année, au retour du printemps, je me pose la question. J’ai toujours détesté les valises : elles me rappellent trop les cercueils. La seule différence entre mourir et voyager, c’est qu’à l’heure de notre mort, c’est quelqu’un d’autre qui portera nos bagages à notre place ! Mais le prix à payer, dans les deux cas, est toujours trop élevé.
Qu’apporterez-vous pour l’ultime voyage ? Dans mon cas, des livres et des fleurs, uniquement. Car les morts ne se nourrissent que de fleurs, qu’il s’agisse de fleurs de rhétorique (pour convaincre leurs proches qu’ils n’ont pas vécu pour rien) ou de fleurs naturelles, pour se rappeler qu’ils ont aimé la vie. J’apporterai donc quelques exemplaires des « Fleurs du mal » de Charles Baudelaire.
Il faut offrir aux morts des fleurs pour la simple raison que les fleurs et les morts partagent le même espace : la terre. C’est que les morts, comme les fleurs, souffrent beaucoup de solitude ; c’est que les fleurs aussi bien que les morts ont peur de la mort. C’est la raison pour laquelle les fleurs embaument tant : pour nous rappeler que nous mourrons tous un jour.
Cueillir une fleur et ne l’offrir à personne est donc un sacrilège. Chaque fleur coupée pour rien, non offerte, est une vie volée à un mort. Les fleurs ne poussent pas dans le ciel ; d’ailleurs, comment pourraient-elles y survivre ? Pour s’épanouir pleinement, une fleur doit se tenir à une distance respectable du ciel, du soleil, qui tous deux sont fort jaloux de la terre.
Le parfum de la fleur, c’est son souffle, tout comme celui de l’homme est son âme. Pour les morts, la fleur est un second souffle.
Denis les mots que tu écris m'inspirent. Je les aime tous! Écris encore. Seul toi place les mots de façon à les faire danser et se placer exactement comme des notes sur une piano...
RépondreSupprimerTu comprends, Célyne, je n'en puis plus d'attendre le printemps, alors j'écris! Je savais bien que ce billet allait te plaire.
RépondreSupprimerMerci pour tes commentaires toujours appréciés.