mardi 8 mars 2011

Le lion qui jouait de la harpe

« La harpe est le rideau de perles du paradis. »
                                                                            Christian Bobin

Morphée et Iris, 1811
Pierre-Narcisse Guérin (1774-1833)
Dans une page de son « Journal », Julien Green note qu’il a fait un rêve dans lequel un lion jouait de la harpe. Je me souviens avoir écrit quelque chose à partir de cette image onirique, une nouvelle ou je ne sais trop quoi, il y a de cela bien des années. Ce rêve me hante depuis plus de vingt-cinq ans!

Ce matin, par hasard, je tombe sur cette phrase de Bobin : « La harpe est le rideau de perles du paradis. » J’ai repensé alors à ce pauvre lion qui joue de la harpe sans interruption depuis vingt-cinq ans dans ma mémoire. Il m’a semblé vieux, fatigué, malade. Je lui ai dit qu’il était temps pour lui de se reposer et de poser son instrument. Je l’ai vu se lever, se traîner péniblement. Il s’est retourné, m’a regardé, puis il a traversé le rideau de perles qui mène tout droit au paradis des lions harpistes. C’était beau et triste à la fois, comme le son de la harpe.

Les phrases ressentent parfois, tout comme les humains, un irrépressible besoin de communiquer. Je savais bien que je finirais par venir à bout de mon lion, j’ignorais seulement comment, et quand.

Je crois que la harpe a nécessairement quelque chose à voir avec les rêves.


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