samedi 19 mars 2011

Le vrai visage du printemps


Diamond Dust Shoe, 1980
Andy Warhol (1928-1987)
 Hier, dans les rues, tout le monde arborait le même visage ravi : le sourire radieux, le regard allumé, la démarche nonchalante. Ces signes ne trompent pas : cette gaieté fébrile qui s’empare de nous chaque année à la même époque marque la fin officielle de l’hiver. Le printemps a bel et bien un visage.

Je ne sais pas ce qui m’a retenu d’entrer dans le premier « Familiprix », « Jean Coutu » ou « Dollarama » pour acheter une corde à danser, une corde à danser le printemps, une belle avec des rayures roses et vertes et des poignées jaunes : rien de tel pour exprimer sa joie au printemps.

Chez les humains, particulièrement chez les enfants, mais le phénomène s'observe aussi chez les animaux, les chiens entre autres, la joie se manifeste toujours par des bonds, des sauts spontanés, d’où l’expression consacrée : « bondir de joie ». La joie passe d’abord par les pieds avant d’atteindre le visage.

Le printemps est donc l’occasion idéale pour s’acheter de nouvelles chaussures. Chez nous, à Pâques, c’était même une tradition : des souliers neufs pour toute la famille, que nous étrennerions à la messe, mais qu’il nous faudrait retirer aussitôt l’office terminé, car nous ne pouvions les porter que le dimanche. Ma mère ne lésinait ni sur la qualité ni sur le prix : son père était cordonnier. « Un homme de bien se reconnaît à ses chaussures », disait-il à sa fille, persuadé plus que quiconque qu’elle finirait bien par trouver chaussure à son pied.

Le printemps a un bien joli visage : il saute à la corde et porte des chaussures neuves. Il raffole du bruit des souliers neufs sur les trottoirs secs. Il aime bien aussi la danse à claquettes.


4 commentaires:

  1. Je me rappelle exactement le bruit de mes chaussures neuves sur l'asphalte légèrement ensablé,ça "crounchait" un peu... Quelle joie de troquer ses bottes contre ses chaussures!
    Suze xx

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  2. Je me rappelle aussi vous avoir harnachées, comme des chevaux, toi et Louise Bernier, avec une corde à danser, rose, justement.

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  3. On était les esclaves, tu étais notre bourreau inflexible, tu abusais de ton pouvoir d'aîné! Inconsciemment, tu te vengeais de Richard sur nous! Je te vois encore avec les dents supérieures qui mordaient tes lèvres, encore vierges, les ailes du nez grande ouvertes et le front plissé!

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  4. Pauvre folle! Je devais faire peur à voir! Moi qui croyais avoir eu une enfance heureuse! Mais c'est quand même moins pire que d'avaler une clé de 6 pouces, non?

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