Hommage à Lautréamont, 2011 (Crédit photo: André Lebeau) |
L’autre jour, dans la chambre à débarras, j’ai surpris mon parapluie et ma machine à coudre en pleine conversation surréaliste. Lentement, pour ne pas les effrayer, je me suis approché d’eux et j’ai tendu l’oreille:
— Tu es beau, disait la machine à coudre au parapluie.
Elle le regardait droit dans les yeux et l’on pouvait voir qu’elle était vraiment sincère.
— Beau comment? demanda le parapluie, qui arborait un petit sourire malicieux.
— Beau comme la rencontre… répondit la machine à coudre, mais elle n’acheva pas sa phrase.
— Comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie, déclama le parapluie d’une voix posée et assurée.
— Oui, balbutia timidement la machine à coudre, le rouge aux joues.
C’est vrai qu’ils étaient beaux à voir, et je n’ai pas osé les importuner davantage. Je me suis esquivé en douce, abandonnant mes amoureux à leur bonheur tranquille, me disant que je pourrais bien attendre un jour ou deux avant de réparer mon parapluie et de ranger la machine à coudre.
J’ai refermé tout doucement la porte de la chambre, la chambre de l’amour, la chambre de Lautréamont.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire