La laitière, 1658
Johannes Vermeer (1632-1675) |
Rue
Saint-Hubert, le matin, je reviens du dépanneur. Je croise G*** qui promène son
chien. Nous échangeons quelques mots. La chienne, Margot, me fait ses
minauderies habituelles. Le quotidien dans son extraordinaire ordinaire; l’été
dans sa plus pure expression.
Les
cigales stridulent à qui mieux mieux; la journée sera chaude, longue. L’été,
par définition, est toujours trop court, toujours. « L’été ne peut
qu’avoir été » écrit Annie Ernaux. À la télé, déjà, les réclames assommantes
de la rentrée! Je m’ennuie d’avance des lilas de l’an prochain. C’est terrible
d’écrire une phrase pareille. L’été est toujours une imposture.
Accroupi
sur le trottoir, je caresse la chienne qui me lèche amoureusement la main. Moi,
je l’aurais appelée Marilyn : trop belle, trop photogénique, trop blonde, trop
douce, trop amoureuse. Margot, Marilyn : même blondeur, même douceur, même soleil aveuglant. Chaque fois qu’elle me regarde, je pense à la chèvre de
monsieur Seguin.
Rue
Saint-Hubert, le matin, G*** promène son chien. Moi, je promène une pinte de
lait.
Je
n’aurai pas écrit une seule ligne de l’été. Je fredonne « L’été n’aura qu’un
jour » de Diane Dufresne.
La
chienne me regarde m’éloigner, avec ses yeux tristes de Marilyn trop belle. Ce
pourrait être le début de quelque chose.
Les cigales sonnent la fin de la Grande Récréation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire