Parfois, ça se bouscule dans ma tête, ça
crie : trop de mots. C’est que les mots, tout comme les plantes, aiment la
lumière et le grand air. Le poète est celui qui leur donne à boire, celui qui
leur procure la lumière dont ils se nourrissent et sans laquelle ils
s’étioleraient. Les poètes sont les jardiniers des mots.
Les mots sont des oiseaux invisibles. La
mission du poète est de s’en approcher le plus près possible, furtivement, pour
leur donner l’élan nécessaire afin qu’ils puissent prendre leur envol.
Les mots n’aiment rien tant que des
vacances au bord de la mer. Il faut les voir s’ébattre au-dessus des vagues,
comme s’ils voulaient les défier, ou s’agglutiner auprès des enfants qui
construisent des châteaux de sable sur la plage, pour voir de plus près leur
sourire malicieux et prendre part à leurs rêves impossibles. Les mots sont des
joueurs infatigables. Tout à l’heure, ici même, j’en ai surpris deux qui
embrassaient le vent! Il doit bien exister, quelque part, un continent, un
pays, une île, où les mots vont boire et manger, où ils se reposent, où ils
font l'amour dans « des lits pleins d’odeurs légères[1]
».
Les mots sont le parfum des fleurs, leur
essence, une image silencieuse. Quand
on arrive enfin à leur faire dire ce qu'ils veulent bien nous laisser dire,
alors on parvient aux frontières de ce pays qu'on appelle poésie.
(Cayo Largo, 12 février 2013)
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