La Nuit des princes charmants, 1995 Michel Tremblay |
Ce peut être la couleur des yeux, le timbre de la voix, la démarche, cela même qui ressemble à un sourire mais qui n’en est pas vraiment un. Dans tous les cas, impossible de lui résister; déjà, pour vous, il est trop tard : vous avez souri, vous êtes désormais sous son emprise, complètement désarmé. Vous n’arrivez plus à faire la part des choses.
Vous entrez alors dans d’étranges spéculations pour essayer de comprendre ce sourire-là qui n’en est pas vraiment un. Vous balancez : 50% de peur, 50% de témérité? 75% d’inconscience, 25% d’extra lucidité? Vous concluez : 90% de mystère, 10% de timidité.
Vous essayez de vous persuader, comme les poètes, que c’est dans leurs yeux, toujours, que les humains sont à leur mieux, et que le sourire, avant que d’aller mourir sur les lèvres, passe d’abord par les yeux. Vous êtes sur une piste.
Ce magnétisme, justement, que vous n’arrivez pas à expliquer, cela même qui tout à l’heure ressemblait tant à un sourire mais qui n’en était pas vraiment un et auquel, à votre tour, presque à votre insu, vous avez répondu, aujourd’hui, il semblerait que vous l’ayez enfin compris : charmer, c’est toujours plus ou moins forcer l’autre à sourire.
Si vous étiez poète, vous diriez que le charme est un parfum que les yeux seuls savent reconnaître; si vous étiez Michel Tremblay, vous écririez La Nuit des princes charmants.
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