Combat de coqs, 1846 Jean-Léon Gérôme (1824-1904) |
Quand j’observe une poule, c’est toujours un petit dinosaure que mes yeux voient : leurs pattes écaillées, leurs yeux menaçants, leur bec acéré, leur forme profilée, leurs œufs. La violence des combats de coqs rappelle, à plus petite échelle, les luttes mortelles des tyrannosaures, des brontosaures et des tricératops. J’ai conservé l’ingénuité de l’enfant qui croit encore que les poules sont des dinosaures. De tous les animaux, je crois que la poule est l’un de ceux qui font le plus rire les enfants.
Les poules sont de petits dinosaures sympathiques, des dinosaures qui ont troqué leurs écailles contre des plumes. Les animaux à plumes n’inspirent que de la sympathie ; même l’autruche, à la rigueur, est attendrissante. Une poule à écailles serait aussi repoussante qu’un archéoptéryx !
À quatre ans, mon père a subi les assauts impétueux d’un coq vicieux s’accrochant désespérément à son entrejambe. Si sa mère n’était pas intervenue à temps, il y a de fortes chances que je n’aurais pas vu le jour. À quatre-vingts ans passés, il en parlait encore !
Chaque fois que je casse un œuf, je suis toujours surpris de ne pas y trouver un bébé dinosaure tout froissé appelant désespérément sa maman ; chaque fois que je fais cuire un œuf, je pense à mon père.
Quand j’étais enfant, je me disais que si les jaunes d’œufs avaient été verts ou rouges, on aurait eu des poussins verts et des poussins rouges.
Les oiseaux sont tout ce qu’il nous reste des dinosaures.